Centre d'Études POlitiques Contemporaines
Au sein du laboratoire, la première spécificité du Centre d’Études POlitiques Contemporaines est d’analyser le champ des pouvoirs et des contre-pouvoirs, non seulement politiques, mais aussi sociaux et culturels. Par ailleurs, le CEPOC est l’équipe la plus pluridisciplinaire du laboratoire, puisqu’elle regroupe des historiens du politique et du droit, des littéraires et des linguistes, ainsi que des civilisationnistes de différents espaces, une anthropologue et une sociologue.
Ses problématiques et travaux demeureront centrés sur la période contemporaine (XIXe-XXIe siècles), mais le CEPOC restera ouvert aux autres périodes historiques, en particulier dans le cadre de sa revue Parlement[s] Revue d’Histoire politique, en proposant à nouveau des numéros trans-périodiques. La dimension internationale et comparatiste, notamment avec les espaces anglophones, germanophones et ibériques, sera recherchée par le Centre.
Les axes de recherche du CEPOC se veulent transdisciplinaires et comparatistes, en fédérant les compétences diverses des enseignants-chercheurs de l’équipe. Quatre directions se sont donc imposées, comme points d’appui d’une réflexion collective, si possible à partager avec les deux autres équipes de POLEN.
1) Les formes, types et normes du discours politique
Discours ou débat parlementaire, discours tribunicien, discours partisan, discours militant, discours de campagne, discours rituel, discours d’éloge, formes de l’éloquence ou de l’art oratoire.
Le CEPOC s’intéresse aux formes canoniques mais aussi aux formes moins étudiées du discours politique, comme celles des femmes politiques en Grande-Bretagne des années 1980 à nos jours, celles des transfuges de classe, ainsi qu’aux spécificités du discours local ou territorial. L’équipe fait une large place à l’étude des formes discursives (techniques, normes, procédés, esthétique, rhétorique, art oratoire, procédés performatifs, etc.), permettant de valoriser la collaboration entre historien.ne.s, en particulier ceux et celles du temps présent qui pratiquent les archives orales, et littéraires et linguistes. La question du rapport entre corps, genre, normes et discours est désormais explorée par l’équipe en particulier par ses doctorants. Une attention particulière est aussi donnée à la place des auteurs, autrices et artistes dans l’écriture du politique, notamment à travers l’étude de la littérature d’idées, des rapports entre écrivains et pouvoirs, ou des écrivains face aux mythes politiques. L’expression théâtrale comme lieu de la médiation sociale ou politique est ainsi étudiée au sein du Groupe de Recherches Interuniversitaires sur les Écritures Théâtrales (GRIET XIXe-XXe) auquel le Centre est associé. La figure de l’intellectuel/intellectuelle, son rapport au politique, demeurera l’un des axes de recherche de l’équipe. Enfin, un recrutement récent (MCF) a permis l’émergence de travaux sur l’écologie et l’environnement et leurs discours.
2) L'écriture "non discursive" du politique
L’écriture « non discursive » du politique, que ce soit l’image, la caricature, la gestuelle, les mises en scène, les rituels, les costumes...
L’utilisation de l’image, fixe ou animée, à la fois comme médiateur discursif et comme objet esthétique ou socio-culturel, est l’un des axes forts, s’inscrivant dans un champ de recherches pratiqué depuis longtemps par les spécialistes du CEPOC, avec entre autres la caricature, l’iconographie républicaine, la mythologie providentialiste, ou le vêtement. S’y ajoutent désormais les images audio-visuelles, la bande dessinée, le paysage sonore et le masque. La revue de l’équipe, Parlement[s]. Revue d’Histoire politique, présente, dans chacun de ses numéros, un commentaire de source iconographique et publiera, en 2024, un numéro sur « les objets politiques ». À partir de 2023, le CEPOC organisera, chaque année, avec deux laboratoires tourangeaux, CITERES et INtrU, un séminaire « Quand la bande dessinée écrit l’histoire », ouvert à tous et en distanciel. Un colloque trans-périodique et pluridisciplinaire consacré au masque et à ses différents usages et enjeux est en préparation pour 2025. Le CEPOC vient, enfin, de déposer un projet ANR, « Haine et dénigrement des politiques par les images en France de 1945 à nos jours ».
3) L'écriture et les discours mémoriels
Dans une perspective à la fois patrimoniale, historique (politiques de la mémoire, mémoires politiques), littéraire et artistique.
Ce champ correspond parfaitement aux compétences de l’équipe du CEPOC, tant chez les historiens, les littéraires et les linguistes que chez les civilisationnistes. La perspective est historique, avec les politiques de la mémoire (commémorations, discours politiques et mémoires de l’événement) et les mémoires qui s’inscrivent dans les cultures politiques. Trois doctorants en Histoire du temps présent travaillent sur la mémoire et soutiendront à partir de 2024. Un colloque international sur les mémoires politiques en Europe depuis 1945 est, enfin, en préparation pour 2025. L’approche est également littéraire avec les Mémoires de politiques, les rapports entre l’écrivain et la mémoire du politique, et plus précisément les représentations littéraires de l’identité territoriale. Après avoir porté l’APR Loc Mem (Lieux de mémoire et de pouvoir en région Centre Val de Loire), l’équipe est à nouveau associée au projet URBALiger (Villes du Centre Val de Loire) qui entreprend de réécrire l’histoire des grandes villes ligériennes.
4) Les processus de diffusion du discours (réception et transgression des normes)
Les processus de diffusion (communication, propagande, représentations collectives, musées) et de réception du discours. La réception de ces discours issus des pouvoirs et contre-pouvoirs politiques : conséquences sur les normes du politique (rencontre, négociation, conflit, transgression, évolution).
CEPOC s’intéresse à la circulation des discours politiques (processus de diffusions, médiatiques, littéraires, etc.), à leurs effets performatifs et aux conditions de leur efficacité politique. L’équipe travaille ainsi non seulement sur les processus de diffusion et d’insertion des discours dans les rituels politiques, mais aussi sur les représentations collectives et les mythologies. Le CEPOC analyse la retranscription des discours dans les mémoires privés, la littérature, la presse qui sont autant d'interprétations et qui permettent de saisir un rapport au politique. De là, le CEPOC analyse les contestations, contournement et transgressions diverses de ces normes. Le CEPOC élargit enfin le champ de ses recherches au processus au discours autour du consensus productiviste ou de ses contestations par le biais des enjeux environnementaux. Un projet sur les représentations de la ruralité dans son rapport à la modernité technique, socio-économique et littéraire (Ruramod) sera déposé à la MSH dans le cadre de l’axe « Humanités environnementales » en 2023.