Les informaticiennes, de la dominance de classe aux discriminations de sexe

Isabelle COLLETIsabelle Collet (Université de Genève), chercheuse en sciences de l’éducation (scientifique et informaticienne de formation initiale), auteure de L’informatique a-t-elle un sexe ?

 

Les femmes sont actuellement minoritaires dans la discipline informatique. Toutefois, elles sont tout de même suffisamment nombreuses pour qu’on ne puisse pas les  considérer comme des exceptions. Se saisissant de l’idéologie de l’universel républicain qui leur promet l’égalité entre les sexes, les informaticiennes ne se voient pas comme des pionnières. C’est d’autant plus vrai que l’histoire de la discipline nous montre que leur représentation a fortement diminué depuis les années 70. Souvent issues des classes sociales aisées, en position scolaire haute, elles se considèrent comme tout à fait à leur place en informatique. En outre, les représentations genrées de la discipline autorisent une certaine latitude d’interprétation : l’informatique sort du cadre de la représentation classique ce qu’est un métier traditionnellement masculin.

A l’école, elles peuvent occulter le sexisme tant que leurs résultats sont suffisamment bons. Mais une fois confrontées à une forte concurrence professionnelle, elles ne savent pas décrypter les signaux des rapports sociaux de sexe et réagissent par une auto-accusation à un système qui les discrimine.