Fils d'Ariane

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Soutenance de thèse de Hélène COLLEU

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Histoire de l'UO

Date -
Heure 14h00 - 17h00
Adresse

Salle du conseil - UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines
10 rue de Tours - Campus Université
Francia

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Ecole Doctorale Sciences de l'Homme et de la Société
Lien http://www.univ-orleans.fr/fr/univ/recherche/temps-forts/soutenances-de-theses-…

Copié par deux mains anonymes du XVe siècle, le manuscrit Rawlinson D. 252 de la Bodleian Library d’Oxford est un volume en parchemin de petit format. Il s’agit d’un recueil d’opérations à caractère magique, plus communément appelées experimenta, où de nombreuses techniques divinatoires et conjurations sont présentées en vue de satisfaire des intérêts essentiellement matériels, en faisant appel à des démons et à d’autres figures spirituelles. Ces experimenta ont des finalités psychologiques, divinatoires ou illusionnistes. Bien que la majorité des textes de ce recueil soit en latin, de nombreux passages sont rédigés en moyen anglais. Ce codex témoigne d’une tradition magique qui prend racine dès le XIIe siècle en Occident et dont les ramifications s’étendaient probablement partout en Europe. Il ne représente donc pas seulement un spécimen anglais mais doit être mis en perspective à l’échelle de l’Occident latin. Afin de cerner au mieux l’ensemble des problématiques et la richesse intrinsèque de ce manuscrit, cette thèse est composée de deux volumes. Le premier volume constitue une étude approfondie des différents aspects du manuscrit en cinq chapitres. Le premier d’entre eux est consacré à l’aspect codicologique du codex d’Oxford, et s’attache à démontrer le caractère secret et ambivalent qu’offre le manuscrit en tant qu’objet. Les chapitres suivants présentent plusieurs particularités inédites du manuscrit Rawlinson, comme le fait qu’il ne s’agit non pas d’un traité théorique, mais de l’un des rares manuels pratiques de magie actuellement conservés, qui allie des savoirs astrologiques et liturgiques pour mieux accompagner la pratique magique. La diversité des effets promis des experimenta indique d’ailleurs que le public visé est assez aisé, et qu’il fait le plus souvent face à des problèmes de nature économique et politique. De plus, ces experimenta sont riches en références bibliques et liturgiques, et les conjurations concernent bien souvent l’apparition d’anges et d’esprits de toutes sortes. Il y a là de quoi nourrir notre réflexion sur l’ambivalence du discours et des pratiques magiques à la fin du Moyen Âge, et sur les rapports entre les pratiques avérées de certains clercs et laïcs et les discours officiels qui les rejettent, de même que l’usage d’un bilinguisme latin/anglais renseigne sur les auteurs et les lecteurs potentiels de ce manuscrit, mais aussi sur les exécutants des rituels. Enfin, le dernier chapitre est consacré à un commentaire détaillé d’une opération tout à fait particulière qui consiste à invoquer un cheval volant, un motif pour le moins singulier et rare. Le second volume comprend une édition critique de ce codex qui s’attache à rester au plus près de l’œuvre originale tout en restituant les liens et les parallèles qu’elle entretient avec de nombreux textes et opérations de diverses origines. Ce sujet s’inscrit donc dans un champ de recherche récent, en proposant la réalisation d’une édition critique d’un manuscrit encore peu étudié et aux caractéristiques uniques. Ce travail permet d’étudier d’une manière nouvelle la diffusion et la transformation des la magie à la fin du Moyen Âge et sa place dans la vie culturelle, religieuse et sociale.