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La philo à l'école - Paroles d'enfants

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Que disent des enfants de 10 ans à propos des grandes questions existentielles comme :
Qu’est-ce que l’infini ? L’âme ? Dieu ? La mort ?
Qui suis-je sur terre dans l’immensité du monde ?
Suis-je libre ? Y-a-t-il un destin ou un déterminisme qui dirige ma vie ?
Pourquoi ai-je peur et de quoi ai-je peur ?
Qu’est-ce que l’amitié ? L’amour ?

Autant de  questions soulevées par l’album Nuit d’orage écrit par Michèle Lemieux en 1998 (Seuil jeunesse, Album sélectionné par le ministère de l’éducation nationale, 2004, p. 1).

 

Le mardi 5 février 2013, les élèves de CM1 de l’école Denis Diderot ont assisté au spectacle Nuit d’orage, adaptation théâtrale du livre de Michèle Lemieux par la compagnie Le Carrousel (Québec) www.lecarrousel.net.
au théâtre Gérard Philipe d’Orléans theatre-gerard-philippe@ville-orleans.fr
Cette séance de théâtre a permis aux élèves de la classe de Patrick Vermorel (professeur des écoles maître formateur) de découvrir l’album Nuit d’orage et d’engager une réflexion philosophique à partir du spectacle et du livre. Cette réflexion se déclinera selon trois temps. D’abord un écrit pour dire et se dire à partir du spectacle suivi de la lecture du livre en classe. Ensuite une rencontre à la médi@thèque Maurice Génevoix www.bm-orleans.fr autour d’albums qui prolongent les questions existentielles de Nuit d’orage. Enfin une séance de philosophie qui a permis de mettre en rapport le livre de Michèle Lemieux et un texte des Pensées de Pascal.

  

  • Ressentis et questionnements des élèves, par rapport à la pièce de théâtre et par rapport au livre, Nuit d’orage .

A la suite du spectacle, Patrick Vermorel a recueilli la parole de ses élèves en réponse à des questions extraites des pages du livre.

A) Qu’est-ce que la pièce de théâtre me dit ?
            Qu’est-ce que j’en pense ?
            Quelles questions me viennent à l’esprit ?
            Qu’est-ce que j’ai appris ?

Chaïma : Je pense que la vie n’est que des questions, le monde est une vaste question. J’ai appris que la vie déborde de questions qu’on ne peut pas répondre. Tout le monde, même l’univers est une question a lui-même. Personne ne peut les résoudre, même le plus intelligent. (Ce n’est en plus pas une question d’intelligence)
Elodie :          J’ai appris que les filles ont des petites graines dans le ventre et qu’il faut les arroser, et qu’il ne faudrait pour rien au monde échanger notre corps.
Myriam E. : J’ai appris qu’on peut se faire plein de questions en faisant de la philosophie. Est-ce que l’infini existe ? J’ai appris qu’on peut se poser des questions sur soi-même et ça je ne le savais pas.

B) Réactions par rapport à 6 réflexions sélectionnées du livre.

Est-ce que ma vie est déjà toute tracée ?
Oumou : Moi, ma vie est belle et je joue avec tout le monde qui n’a pas de copains.
Chaïma : Je ressens dans la première image que la vie nous réserve quelque chose, une aventure à tout le monde.
Elodie : Non je ne pense pas que ma vie soit encore tracée.
Karryll : Non pas encore.
Sory : Oui il est fait.
Inès : Il a commencé, mais ce n’est pas fini, le meilleur et le pire arrivent.
Kévin : Il est déjà tout tracé.
Est-ce que je devrai trouver mon chemin tout seul ?
Oumou : Moi, mon chemin est de partir tout le temps à l’école.
Chaïma : Je ressens tout autre chose, je ressens que je n’ai rien et qu’il faut bouger et qu’il faut trouver quelque chose.
Elodie : Oui, je pense qu’il faudra que je trouve mon chemin toute seule.
Karryll : Dans l’avenir.
Sory : Nulle part.
Inès : Dans ton cœur.
Myriam E. : Je pense que le chemin se cache et nous devons le retrouver.
Le destin c’est quoi au juste ?
Oumou : Chaque fois que je marche, mon destin se fait.
Chaïma : Je ressens des chemins différents, qu’ils ne vont pas se rejoindre avant longtemps et qu’on peut être seule ou à plusieurs.
Elodie : Je pense que mon destin n’est pas encore fait.
Killian : C’est la route de la vie.
Karryll : C’est devenir styliste de mode.
Sory : Le ciel.
Inès : La vie.
Kévin : Chemin de la vie.
Myriam E. : Les traces de notre avenir.
Est-ce que quelqu’un veille sur moi ?
Oumou : C’est ma mère qui me veille sur moi.
Chaïma : Je ressens qu’on n’est pas toujours là avec nous, des fois oui, mais des fois non.
Elodie : Oui je sais que mes parents veillent sur moi.
Karryll : Bien sûr, ta mère, ton père, ta grande sœur.
Kévin : Oui mon Dieu.
Myriam E. : Oui mes parents veillent sur moi.
Est-ce qu’après la mort c’est mieux que pendant la vie ? Qu’est-ce qu’on fait toute la journée ?
Oumou : Non la mort n’est pas mieux.
Chaïma : Je ressens qu’après la mort on pourrait être en l’air ou rien ; et que peut-être on verrait les âmes des autres ou qu’on verrait le noir total.
Elodie : C’est mieux pendant la vie. Pendant la journée je joue avec mon chaton.
Karryll : Je ne sais pas. Qu’est-ce qu’on fait ? Le petit déjeuner/ midi / l’après-midi : sieste / dormir.
Inès : La mort, si on va au paradis.
Myriam E. : Oui après la mort, c’est le paradis. On fait ce qu’on veut, jouer à la poupée, manger des glaces, tout ce qu’on veut.
Mais où finit l’infini ? De l’autre côté du ciel ?
Chaïma : Je pense que l’infini peut être partout. Je pense qu’après l’infini il n’y a rien et que c’est juste tout blanc.
Elodie : Je pense que l’infini finit dans l’espace.
Inès : Non au paradis ou en enfer.
Kévin : C’est ce qu’on ne connaît pas.
Myriam E. : L’infini se finit dans l’espace. De l’autre côté du ciel, il y a l’espace.

Réactions à la lecture de ces paroles d’enfants :
Gervais Gaudreault, Codirecteur artistique et metteur en scène. Le Carrousel, compagnie de théâtre : « Ce spectacle a parfois reçu des réactions très controversées. les adultes préférant croire que les enfants vivent à l'abri de la vraie vie... Il est très précieux pour nous de recevoir ces commentaires qui nous démontrent bien que l'art est un chemin vers nous même ».
Michèle Lemieux, auteure de l’album : « J'ai lu avec un immense plaisir les réflexions des enfants à partir de mon livre Nuit d'orage. Ces textes sont lumineux, pleins d'esprit, réconfortants. Je me sens honorée que vous utilisiez mon livre dans le cadre de vos activités, et je suis ravie de lire qu'en France, la philosophie s'enseigne aux enfants ».

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Compte-rendu de la rencontre des élèves de CM1 de Patrick Vermorel à la médi@thèque Maurice Génevoix le mardi 5 mars 2013. Gaëlle Moreau, bibliothécaire, accueille les élèves qui ont assisté au spectacle Nuit d’orage  autour d’une sélection de livres.

 

  • L’album Nuit d’orage etle spectacle :

Ca ressemblait au livre mais y avait pas toutes les images.

  • Les questions que le livre nous a permis de nous poser :

Est-ce qu’on pousse comme des légumes ?
Est-ce qu’on peut changer de corps ?
Est-ce que je suis belle ou pas ?
Est-ce que je ferai des enfants ?
Est-ce qu’on se mariera ?
Plein de questions :

  • Sur le futur
  • Sur la vie
  • Tout le temps
  • Sur l’univers
  • Sur la nature

Comment on est venus sur terre ?
Qu’est-ce qu’il y avait dans le ciel ?
Qu’est-ce que je vais faire dans la vie ?
Est-ce que je suis belle ? Comme dans Blanche Neige, la sorcière dans le miroir.

  • L’album Vivre sans moi  je ne peux pas, Wally de Doncker, Gerda Dendooven,Editions être, 2003.

Quand t’es né tu ne peux pas revenir en arrière.
On aurait un autre goût.
On est tous différents alors ce serait différent.
A l’école, je passe ou je ne passe pas.
Si on n’existait pas, il n’y aurait pas le même ami, il serait différent.
Elle m’aime ou elle ne m’aime pas ?
La différence entre « ne pas exister et ne plus exister » ?

  • ne pas exister : jamais venu sur la terre
  • ne plus exister : triste, être mort
  • L’album La grande question, Wolf Elbruch, Editions être, 2003.

Cette grande question : pourquoi tu es sur la terre ?
Pourquoi t’es là ?
Pourquoi t’existe ?
Pourquoi je suis sur la terre ?
Qui m’a fait naître ?
Pourquoi il ne s’est pas interrogé lui-même ?
Pourquoi je suis là ?
La mort n’aime pas la vie et la vie n’aime pas la mort.
Le canard n’a pas de cervelle !

 

 

  • Séance de philosophie du lundi 25 mars 2013 : lecture du texte de Pascal Qu’est-ce que l’homme dans la nature ?

Après avoir mené un travail de compréhension, les enfants  rapprochent le texte de Pascal de l’album de Michèle Lemieux, puis réécrivent  le texte du philosophe.

Le philosophe Blaise Pascal a écrit ce texte au XVII° siècle. A cette époque on a inventé le télescope et le microscope.  Grâce au télescope, les astronomes Copernic et Galilée, ont découvert que notre terre était une planète du système solaire. La terre tourne autour du soleil. Grâce au microscope, on a découvert la cellule ou l’atome, deux réalités si petites que notre œil ne peut pas les voir. A partir de ces deux grandes découvertes, Pascal va parler des humains en général, c’est-à-dire de toutes les femmes et de tous les hommes. Pour lui, l’homme est au milieu de l’infiniment petit et de l’infiniment grand.
« Car enfin, qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu, entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré, et l’infini où il est englouti. »
Blaise Pascal, Pensée 72
(Pensées et opuscules, édition L. Brunschvicg, Hachette, p. 347)

Les enfants ont réécrit le texte de Pascal par « dictée à l’adulte »
En fait, l’homme dans l’univers, c’est quoi ? Presque rien  par rapport à l’espace infini qui nous entoure : on est tout petit dans le système solaire. L’homme dans l’univers, c’est beaucoup de choses par rapport au vide : on est plus grand que la cellule microscopique. L’homme est donc au milieu entre rien et tout, au milieu entre le tout petit et le très grand, entre ce qu’on voit au télescope et ce qu’on voit au microscope. On ne comprendra jamais ce que sont ces deux extrêmes (le tout petit et le très grand). On ne comprendra jamais pourquoi les choses existent et comment elles sont venues au monde. C’est un mystère caché dans un secret impénétrable. L’être humain est incapable de voir le vide, le néant, d’où il vient et l’espace infini où il vit.
Les élèves de CM1 de la Classe de Patrick Vermorel.
Texte dicté à Bruno Chevaillier
(Ecole Denis Diderot à Orléans, mars 2013)