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Collection "art et éducation"

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Partant du principe que des murs vides donnent des esprits vides, l’INSPÉ Centre Val de Loire commence, en 2016, à occuper ses murs en inaugurant une collection d’art contemporain consacrée aux liens entre l’art et l’école. Cette collection a pour objectif de révéler le besoin d’art des formés et des formants et doit, à terme, faire partie de l’identité  d’un espace consacré à la formation.

Trois œuvres ont été installées sur le site en juin 2016. Elles ont été, pour deux d’entre-elles, données par les artistes. La troisième a été réalisée dans le cadre d’une résidence courte sur le site d’Orléans. D’autres œuvres vont suivre. Elles doivent représenter un large éventail de média et de techniques tout en proposant une certaine approche de l’environnement scolaire. Elles présentent l’ouverture de l’établissement à l’expérimentation, en lien avec des missions institutionnelles adaptées à une communauté en continuelle évolution.

Cette collection a l‘ambition d’offrir un apprentissage de haut-niveau par imprégnation, à l’écart des programmes à courts termes et des supports immédiatement illustratifs. Les propositions divergentes explorent le temps, l’espace ou les outils associés à l’acte d’apprendre.

 

 

Stéphanie Dachary

L'idiot, 2010

Macaronis, fil à pêche, hublot.

Collage issu d'une série de structures portables s'intéressant aux costumes rituels de fêtes païennes de solstice en Europe et aux macaronides (forme poétique). C'est une figure de l'idiot, de l'absurde, de la chose vaine et pourtant advenue, du fou détenteur d'un savoir à nul autre pareil.

Stéphanie Dachary enfile les pâtes une à une pour fabriquer un tissu improbable – protecteur et friable – et produire un costume qui renvoie aux rêves d'enfants, de vingt mille lieues sous les mers, aux voyages sur la lune et autres Odyssées de l'espace. En fait toutes ces pâtes tracent avec une infinie patience des lignes d'écriture qui, de bâton en bâton, racontent des histoires en présentant les signes d'un savoir-faire, d'un système de pensée, d'une culture.

Tisser, manger, créer : les pâtes alignées, suspendues et enroulées composent un monde, élément par élément. Elles jouent à la limite de l'ethnologie sur les différentes formes d'armures qui ne protègent rien et qui s'écrouleront à la première goutte d'eau.

Elles permettent à l'œuvre de Stéphanie Dachary de dévider avec humour une pelote qui rappelle que le tissage et l'apparente idiotie dévoile plutôt qu'ils ne recouvrent en participant depuis la nuit des temps à la construction des individus, des structures sociales et des contes.

Atelier pédagogique avec l'artiste : De la fabrication de structures tissées improbables – protectrices et friables.
Matériel : pâtes – macaroni, cannelloni, coquillettes

  1. Enfiler – une seule sorte de pâte
  2. Complexifier les enfilements pour obtenir des structures 3D
  3. Introduire dans les structures différentes sortes de pâtes
  4. Mélanger les objets à enfiler et les fils : pâtes + perles  + fil de pêche, fil de laine…
  5. Assembler les différentes structures pour former une sculpture

 

 

Costanza Matteucci

Tempo2, 2002

Vidéo (VHS numérisé)

Costanza Matteucci est vidéaste et son film Tempo 2 a été produit lors d'une courte résidence sur le site d'Orléans de l'ESPE. Tous les jours pendant une semaine, elle a pris une mesure du temps parce que le medium filmique est techniquement, une mise en travail du temps qui passe, mais aussi parce que la formation – quel que soit l'âge – prend aussi toujours du temps.

Le temps qu'elle présente est celui du corps qui doit s'adapter au rythme de différents environnements.  C'est aussi le temps d'un institut dont les appellations de EN à IUFM et maintenant ESPE montrent qu'il s'adapte lui aussi à de nouvelles contraintes et/ou de nouvelles missions.

Cette vidéo est conçue pour être montrée en boucle en suivant les actes répétitifs qui déterminent la construction des individus mais aussi, de boucle en boucle, leur effacement. Elle met en regard la continuité régulièrement mise en suspens des institutions avec une image de l'existence où vivre c'est apprendre et partir.

 

 

Jean-Pierre Vinçot

Tableaux, 1998

3 photographies couleurs d’une série de 8,50 x 34 cm

Jean-Pierre Vinçot nous promène en silence dans un univers habituellement bruyant, plein d'élèves et de signes. Ici les tableaux, les classes et les poubelles sont vides – en attente d'acteurs et de rituels –  comme pour montrer un temps scolaire où les pauses (vacances d'été, grand nettoyage, fermetures...) sont aussi importantes que les périodes d'activités.

Les trois photos font partie d'un ensemble de huit images très composées, sorte de “tableaux” à la limite de l'abstraction, structurés en bandes horizontales. Ces tableaux "disent" la classe : la place et la taille des corps (hauteur adaptée à l'écriture et lumière favorable aux droitiers dont le bras ne doit pas faire d'ombre...). En fait, au-delà des savoirs, ils "disent" les postures d'apprentissage et, plus largement, les structures intimes et sociales qui nous sont imposées dès l'enfance.

Ils montrent notamment que ce qui compte n'est pas ce qu'on peut voir, mais le simple fait de voir, sachant que le rapport au monde privilégié par l'école, le musée, l'écran d'ordinateur ou l'appareil photo passe justement par le voir et avec lui par la mise à distance.

Mais ces photographies où apparaissent les traces matérielles des aménagements successifs (remplacement des tableaux, couches de peinture...) rappellent aussi que l'école est un monde d'odeurs, de couleurs, de poussière et de temps. Elles révèlent la dimension sensible du regard, ramènent le voir à une expérience et introduisent un autre savoir.

 

 

GuyKayser

Gudea au vase jaillissant, teilio vers 2050 av JC, ‘travailleur invisible’, Gentilly, vers 1996

Tirage noir et blanc et tête en plâtre.

D’où viennent les œuvres ? De quoi l’artiste s’inspire-t-il ? Sur quelle culture s’appuie-t-il ? Cette image-photomontage de GuyKayser traite des supports de la création. Lui par exemple, se réfère à une statue de la seconde dynastie Lagash conservée au Louvre et représentant Gudéa qui régna au Sud de la Mésopotamie vers 2012 avant J.C. Le costume du sculpteur qu’il portait tus les jours (salopette, chapeau mou et grosse chaussures) fait en effet écho au souverain-source qui a le pouvoir de faire sortir de son vase l’eau douce et poissonneuse. Ici, il utilise l’image traditionnelle du bon gouvernent, support de fertilité, pour parler de la culture artistique et symbolique sur laquelle s’appuient toutes les œuvres, qu’il s’agisse de les suivre ou de s’y opposer. En effet, quoiqu’en ait pensé le modernisme, les artistes ne font pas « table rase ». Ils renvoient, même inconsciemment, aux objets dont sont remplis les livres et les musées, ils se nourrissent de la mémoire universelle de l’humanité.

L’histoire de l’art apparaît ici comme une source, un support d’enseignement, un réservoir d’idées et de formes. Ce pouvoir qui s’offre aux artistes est aussi à la disposition des enseignants pour nourrir une pensée sur le monde et sur les productions des hommes et progressivement, inventer de nouveaux modèles, de nouvelles figures.

 

 

Rebecca Lindum Greene

Daisy-Chain, 2017

Installation, bouteilles plastiques upcylées.

Rebecca invente des dispositifs capables de sensibiliser le public à l’acte de création tout en questionnant les façons de respecter l’environnement. Pour cela elle produit des œuvres collaboratives avec des matériaux recyclés. Avec Daisy-chain, elle a notamment proposé aux stagiaires de l’ESPE et aux élèves de grande section de l’école Roger Toulouse à Orléans de transformer des bouteilles en plastiques en guirlande de fleurs. Pour cela elle leur a fait manipuler les bouteilles et présenté différentes manière de modifier leurs formes. Elle a fait découvrir non pas un simple contenant destiné au rebus une fois vidé, mais un matériau riche d’une multitude de possibilités.

Sa pratique collective lui permet par ailleurs de produire de tester la plasticité des stagiaires et des élèves  en plus de celle des bouteilles. Ici, l’œuvre se fait par l’enseignement comme partage de savoir et échange.

Les bouteilles, assouplies par la flamme et colorées au vernis à ongles, ont été assemblées sur des guirlandes lumineuses et disposées dans l’espace. Les bouteilles, en plus de devenir des fleurs, figure les liens dans le temps et l’espace dont la production plastique a besoin pour devenir sculpture et savoir sur l’art, sur la nature, et sur l’apprentissage qui se fait toujours ensemble.

Vidéo de l'atelier

 

 

Manar Bilal

Camp de réfugiés (zataary - Jordanie) 2014 - Tirage numérique couleur.

Manar Bilal a quitté son pays en 2013 et comme d’autres réfugiés syriens, il est passé par le Liban, la Jordanie et la Turquie. Il vit maintenant en France et cherche à faire connaître – en photographie – la situation des enfants rencontrés dans les camps qui ont ponctué sa route.

Ces enfants sont victimes d’une guerre qui les dépasse. Rassemblés dans des espaces inhospitaliers, ils sont désespérément en attente de pistes pour donner un sens à leur vie. Pour les aider, Manar Bilal s’est engagé dans les programmes d’aide à l’enfance de l’UNICEF, WFP, UNHCR et il a pris des milliers de photos pour témoigner des besoins d’une génération qui, sans éducation, n’aura pas les moyens de rester libre.

De nombreuses photographies montrent des enfants qui continuent à jouer, mais dont le geste de s’agripper aux grillages devient l’emblème de tous ceux qui – à Calais, à Melilla où sur d’autres frontières –  n’ont d’autre issue que de passer en force pour continuer à vivre. C’est un travail qui pose la question de l’éducation et de la culture comme modes de résistance face aux manipulations des pouvoirs en guerre. Il rappelle l’importance de l’ouverture à l’autre et du regard critique pour casser l’ignorance. Il montre l’énergie et la détermination des enfants qui ont tout perdu, mais qui gardent leur volonté d’être libre.

Ces photos sont réalistes et optimistes à la fois : elles indiquent que l’avenir de ces enfants est compromis mais qu’avec un peu d’attention, ils pourraient s’en sortir.

 

 

Nina Rendulić

2019 : MORT – MER - 25 photographies argentiques, 18 x 24 cm et une installation

Site de l'artiste
« Mort-Mer », c’est défier l’inconscient en cherchant dans la réalité les fragments de mes rêves. Maillage de symboles issus de la mémoire des lieux que je visite seule, un présent que je cherche à comprendre, un passé qui m’échappe, rêve perpétuel, lumineux et macabre, danse sur le fil au-dessus du précipice, la mer, la vie.

 

 

 

Christiane Deville

2020 : ENTRE LES LIGNES - Dessins et Photographies d’Installations

Le principe est simple :
Des cartes postales que j’ai créées (imprimées de dessins photographiés en installation) sont complétées d’un dessin, unique et différent à chaque carte, et bien sûr d’un texte manuscrit.
Ce dispositif approfondit, par le geste personnel, le dialogue entre multiple et singulier, entre l’image reproductible, en nombre, et l’image « autographe », unique. Chaque carte porte le paradoxe d’un « multiple singulier ».
La série prendra fin, sans hâte, avec le stock d’images imprimées, dessinées et destinées.
Basées sur l’improvisation, « Ces Quelques Lignes … » me servent à faire mes gammes, en testant des outils différents : simples crayons de couleur, mine de plomb (3B et 6B), stylo à bille ou feutre fin, crayons aquarellables.
Avec ces traits dessinés ou écrits, je peux manifester à mes destinataires quelques « signes de vie » …Traits d’union.
Ni narration ni description, l’acte d’écrire ou dessiner ces cartes postales déplace et requalifie le rituel banalisé de nos transhumances saisonnières. J’aime dans l’activité du dessin, le temps accordé au regard, et à la main qui trace son itinéraire dans l’espace de la feuille, dans l’épaisseur des choses sues, et parfois des choses tues. Le résultat n’est pas le plus important.

                                                                                                                                                                   Christiane DEVILLE


« … Cette table, là »

Dans une maison à Dollon (petit musée de la musique mécanique), il y a une table qui a servi lors de la première réunion du premier Conseil National de la Résistance (CNR). Que faisait-elle là ? Là, à Dollon ? « Rencontre » imprévue et forte.
Comme certains meubles très « élémentaires » tels que la chaise, le lit, une table évoque l’humain. Mais ici, ce n’est pas « une table », c’est La Table, cette table-là.
Sur son plateau, dix-neuf plaques vissées, une pour chaque participant à cette réunion périlleuse.
Sous mes doigts comme un mémorial, un monument funéraire entré en collision avec la simplicité forte du meuble en bois.
Pas de femme assise à cette table en mai 1943.

Alors que mon histoire a été immergée jusqu’à l’âge adulte, macérée dans l’histoire de deux guerres, l’histoire de l’HISTOIRE cernant et ruinant tout surgissement d’un récit familial, ce meuble m’alertait sur mon ignorance d’une période où s’élaborait dans la clandestinité le programme pour des « Jours Heureux ».
Malgré la plaque centrale et les noms (ou à cause d’eux ?), cette table opposait une opacité muette.

Aussi lorsqu’on m’a invitée à créer une installation, la présence du meuble témoin de l’histoire s’est imposée rapidement. La femme que je suis, préoccupée de nos espaces à vivre, ne pouvait contourner, ignorer cet auxiliaire intimidant.

Dans le face à face avec ce monument, il s’agirait pour moi de prendre la mesure du silence insistant, le sonder. Il me faudrait sentir dans l’espace de cet objet de résistance, ce qui permettrait de tenter l’élaboration d’un point de vue, d’oser un point de vie.
La dimension d’humanité inscrite là, motive cet essai : des gens (2), en accueillent d’autres (19) qui définissent un Programme au bénéfice de tant d’autres gens (si nombreux).
 Ils, ces « veilleurs » avaient baptisé leur texte « Les Jours Heureux ».
L’installation tentera de situer les différents silences entre lesquels je me déplace : ceux qui tiennent à la mutité de l’absence ; ceux qui viennent du brouillage de nos avalanches « d’informations », quotidiennes, ajoutées, mêlées aux ellipses des récits historiques et familiers. Tout cela constitue un espace à parcourir et décrypter, celui de l’épaisseur du temps.
Il peut survenir des « silences par ricochet » …
Ainsi, considérer exclusivement ce meuble pourrait reléguer dans l’oubli le couple de résistants qui a fourni, et l’accueil et la table.
 « Réduits au silence », en dépit de leur acte.

Très vite, j’ai eu la certitude que cet essai ne serait en aucun cas un travail d’historienne (je ne le suis pas), ou une commémoration malvenue qui change cette table en icône, pas plus un requiem.
Entre le passé dont la complexité se dérobe, et le présent dont la complexité me déroute, m’étourdit, me dépasse, je chercherai à VOIR ce que cette confrontation me donne à questionner :

- La solitude créatrice assumée, et la force d’indépendance qu’elle construit.
- La responsabilité personnelle du regard et de l’attention portés au monde, au risque de se tromper.
- Comment cette table du passé « regarde » le présent qui est le nôtre, « nous regarde »**.
                                                                                                                                       Février 2017   
                                                                                                           
                                                                                                                                                                   Christiane DEVILLE
 
*Programme du CNR - Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui - Le    programme  du CNR -  http://www.citoyens-resistants.fr/spip.php?article113
** Georges Didi-Huberman « Ce que nous voyons, ce qui nous regarde » Editions de Minuit 1992

 

La serre – Parc Floral de La Source – Orléans

En 2001 – 2002, entre le mois de septembre et le mois de mai, j’ai eu le bonheur de dessiner et photographier dans le beau bâtiment de Louis Arretche, site qu’on connaît plus sous le nom de « LA SERRE » au Parc Floral.
Un grand dessin de plantes, (tracé en 2001, au pinceau et à l’acrylique sur voile de forçage)*
évoque le souvenir personnel des lessives familiales à Belle-Île, où les draps lourdement chargés d’eau, passaient d’un « bac » au suivant jusqu’à celui de rinçage.
Dans cette île où l’eau des citernes manquait souvent au cours de l’été, l’eau des lessives était préservée pour l’arrosage des plantes.

                                                                                                                                                                   Christiane DEVILLE

*Exposé pour l’installation « OSTINATO » imaginée en 2012 pour la fête de l’eau à BOU (45).

Les paniers

Entre le bahut et le mur, dans la cuisine, s’entassaient nombre de paniers à provisions.
J’ai un jour décidé de leur tirer le portrait, avec l’encre de chine et un calame, sur un papier épais, puissant.
Ces dessins rejoindraient le projet plus vaste de faire le portrait de la maison, telle que l’habitaient mes parents (années 2005 et suivantes).
Le portrait s’est prolongé, transformé, donnant LIEU à d’autres recherches (photographies et installations) sous le titre général de « QUI VA Là ? »


                                                                                                                                                                   Christiane DEVILLE

Jardin d’atelier

Mon intérêt pour les plantes - le temps qu’elles mettent à pousser, leurs façons de faner - m’a amenée à observer deux années durant la culture de bulbes de jacinthes que j’avais enveloppés avec les feuilles d’un kiwi voisin.
Placées sur des « plages » de cailloux blancs, gris, ou sur du charbon de bois, ces sculptures végétales composaient trois jardins miniatures sur la table de l’atelier.
Le projet consistait par ailleurs à relever d’urgence le défi du temps qui manque pour dessiner (à l’encre de chine et au pinceau sur du papier chinois par exemple).
Comment cultiver et développer ce que m’avait enseigné la calligraphie chinoise pendant les cinq années passées en Chine ?


                                                                                                                                                                   Christiane DEVILLE

Pommiers

Durant mes premières années dans l’Orléanais, les cultures fruitières de notre région ont occupé une place importante dans ma création.
Dessins, photographies, et plusieurs installations en sont issus.
En 2007, une sélection de ces dessins et photographies (imprimées sur un support léger, aux dimensions d’une chaise longue) est allée se poser en installation dans un autre verger, en Angleterre dans le célèbre verger de Grantchester (Installation : « APPLES & CHAIRS » – Cambridge)
L’année suivante, Une installation avec pommiers et dessins, « La Part de l’Ombre » était visible à Beaugency.
Enfin, c’est à Lailly en Val (45) en 2009, qu’une nouvelle installation a eu lieu, dans les « Jardins de la Régie ». Les toiles, revenues d’Angleterre, ont rencontré d’autre chaises longues, blanches. Autres lignes, autres desseins.

                                                                                                                                                                   Christiane DEVILLE


Rideau de blé

Lors des dernières Journées Européennes du Patrimoine (septembre 2019), l’installation créée pour le Moulin de Parcé sur Sarthe réunissait les céréales avec des rideaux de blé et d’orge, la terre (céramiques), et l’eau. Indispensable aux cultures et à la roue du moulin, l’eau s’étalait sur la table au cœur de la grande salle, symboliquement.
La dimension graphique des rideaux de céréales, et leur mode de composition en lignes juxtaposées me pousse à les considérer comme du dessin.
Le vendredi, répondant à l’invitation qui leur était faite, toutes les classes des deux écoles du village sont passées profiter de cette rencontre !

                                                                                                                                                                   Christiane DEVILLE

  • Images de l’exposition
  • Atelier pédagogique avec l’artiste

 

 


Diala Brisly

2020 : WALLS AND DREAMS - dessins et Photographies

L'artiste Diala Brisly a fui la Syrie en 2013. Son travail d'illustratrice pour le magazine Zayton and Zaytonah voulait avant tout aider les enfants à se sentir humain - pas juste destinés à grandir, à combattre et à mourir pour une guerre qui les dépasse.

D'abord imprimé à Saraqeb, puis à Alep après la destruction des presses, le magazine a ensuite été interdit. Diala s'est exilée en Turquie et au Liban. Elle est maintenant en France. Soucieuse de favoriser les dialogues entre les cultures, elle a récemment publié un album pour enfant en anglais et en arabe. Elle travaille actuellement à une bande-dessinée sur le système éducatif confronté à l'extrémisme.

Son exposition à l'INSPE - Centre Val de Loire propose un panorama de son travail avec des dessins originaux et des photos du projet éducatif "Walls of dreams" qu'elle a lancé au Liban dans le camp de réfugiés de Bar Elias dans la région de la Bekaa.

La toile réalisée en atelier a été envoyée au Liban.

Atelier pédagogique avec des jeunes migrants :
« Que mettriez-vous dans votre valise si vous deviez partir et que vous ne puissiez- pas revenir
On peut y mettre des poèmes, des rêves
Des impressions et remplir un sac à dos ou une valise des biens essentiels »


Article paru dans la République du Centre – 4 mars 2020
« L’art est un gilet de sauvetage »

C’est une exposition exceptionnelle à plus d’un titre que propose cette semaine l’INSPE. Exceptionnel par la qualité du travail de son invitée, Diala Brisly, illustratrice syrienne réfugiée en France. Exceptionnel aussi dans l’aperçu qu’elle offre de la Syrie.

« Dans le camp, il n’y a pas de couleur »

On y trouve les planches d’un album publié en Italie par Diala et une journaliste italienne familière des camps de réfugiés du Liban.
L’ouvrage tente de rendre compte du vécu des enfants : la guerre, les camps… Très expressifs, ces dessins sont éprouvants, bien sûr, mais leur qualité esthétique permet qu’ils ne soient pas accablants.

On y trouve aussi des photos du travail artistique mené par Diala dans l’un de ces camps, au Liban, auprès des enfants. « Dans les camps, il n’y a pas de couleur, il n’y a que le gris de la poussière, la couleur est inespérée » raconte l’artiste.
Troisième volet, quelques planches d’une bande dessinée en cours de réalisation sur les systèmes éducatifs sous les régimes de Daech, mais aussi de Hafez, puis Bachar AlAssad.

« La guerre n’a pas surgi de nulle part »

« L’uniforme militaire ; chaque matin, le salut et les louanges au chef d’Etat, et, très tôt, l’apprentissage des armes… « La guerre n’a pas surgi de nulle part » se souvient Diala.

C’est Geneviève Guetemme, professeur d’arts plastiques à l’INSPE et enseignante chercheuse qui a invité Diala. Pour elle, il s’agit de « valoriser la pratique artistique à laquelle la formation des enseignants ne consacre qu’une toute petite place ».
Iala vit en France, à Valence. Née en 1980, ses études l’on menée vers le génie civil, mais elle a rapidement bifurqué vers la création, en travaillant pour la chaîne syrienne Spaetoon.

Engagée auprès des forces démocratiques au début de la révolution, elle a travaillé pour un magazine jeunesse clandestin. L’étau se resserrant, elle s’est exilée en Turqie, puis au Liban avant de venir en France. Elle a exposé en Angleterre et en Italie.

Diala dit « ne plus avoir d’espoir » mais pense que « l’art peut être un gilet de sauvetage, gilet dont tous les syriens, pas seulement ceux qui prennent la mer, ont aujourd’hui besoin ».