Savez-vous que le premier véritable programme informatique fut créé par Ada Lovelace au XIXème siècle ou encore que le logiciel ayant permis les missions spatiales Appolo fut développé par Margaret Hamilton ?
Les femmes sont omniprésentes dans l'histoire de l'informatique et obtiennent régulièrement les plus hautes distinctions internationales. Frances Allen, Dianne Kelly, Amine Yilmaz, Jaime Teevan ont à ce titre remporté le prestigieux prix Turing considéré comme le "prix Nobel" de l'informatique.
Les femmes ont indéniablement œuvré à l'histoire de l'informatique. Ce rayonnement a contribué dans les années 80, à atteindre quasiment la parité dans les formations informatiques au sein des écoles d'ingénieurs. L'informatique était alors la seconde filière la plus féminisée.
Or actuellement les formations et métiers du numérique attirent plus les hommes que les femmes, lesquelles représentent* :
- 14,6 % des élèves de terminale inscrits en spécialité NSI (numérique et Sciences Informatiques)
- 19 % des diplômées de formations au numérique dans le supérieur
- 23 % des emplois du numérique
Que s'est-il passé depuis les années 1980 ? L'informatique est-elle devenue du jour au lendemain un métier d’hommes ? Ou s'agit-il plutôt d'une image véhiculée par les médias et la culture populaire ?
Il est certain que l'image du "Geek" ou du "Hacker" présente dans la culture populaire contribue à véhiculer des représentations totalement stéréotypées sur les métiers de l'informatique. L'imaginaire ainsi créé contribue à la structuration d'une menace du stéréotype qui participe au désengagement de nombreuses filles des filières informatique. Or cet imaginaire s'avère extrêmement éloigné de la réalité des métiers de l'informatique.
L'Université d'Orléans est ainsi engagée dans la lutte contre les stéréotypes et les préjugés relatifs au monde de l'informatique. Pour ce faire, la parole est ici laissée à 7 étudiantes en informatique de l'Université. Vous découvrirez ainsi 7 parcours au sein de l'Université d'Orléans, 7 visions des métiers de l'informatique loin des clichés et autres stéréotypes sexués.
► Laora - Licence professionnelle Informatique
► Claire - Master Informatique
► Fjolla - Master Informatique
► Julie - Master Informatique
► Margarita - Master MIAGE
► Marine - Master MIAGE
► Valitinah - Master MIAGE
Sortez ainsi de la Matrix des stéréotypes sexués et venez découvrir le véritable monde de l'informatique où les femmes ont toute leur place !
* sources: Ministère de l'éducation nationale, 2012, GenderScan 2021, Insee 2023, citées par www.techpourtoutes.io
Laora - Licence professionnelle Informatique
Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel ?
Après avoir obtenu mon baccalauréat scientifique en 2020, j’ai fait 2 années de licence informatique à l’UFR Sciences et Techniques de l’Université d’Orléans. J’ai ensuite candidaté à l’IUT d’Orléans pour accéder à la licence professionnelle métiers de l’informatique : conception, développement et test de logiciels, spécialité développement web et mobile. Cette formation s’est terminée par un stage de 4 mois en entreprise, que j’ai réalisé à Guiltek, entreprise dans laquelle j’ai directement été embauchée en CDI à l’issue de ce stage en tant que développeuse web, en juin 2023.
Quel a été le déclic pour faire des études d’informatique ?
Dans mon cas, je ne parlerai pas de déclic, mais plutôt d’un intérêt progressif. Durant le lycée, j’ai participé à des cours d’initiation à la programmation en Python. Je me souviens que cela m’avait beaucoup plu, mais mon projet d’études à cette époque se portait sur les mathématiques. Cependant, les licences scientifiques à l’UFR ST d’Orléans débutent par le choix d’un portail, composé de 3 matières. J’ai intégré le portail 1, composé de cours de physique, de mathématiques, et ... d’informatique ! J’ai donc pu, involontairement dans un sens, approfondir mes premières connaissances en programmation, et l’intérêt que j’y portais par la même occasion. La satisfaction que j’éprouvais à réaliser des projets et mes résultats m’ont menée avec une certaine évidence à continuer dans ce domaine.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos études ?
Durant mes études, ma réussite scolaire était tout ce qui m’importait. En sortant de ce cycle, j’ai pu réaliser que les études ne représentent qu’une initiation au monde professionnel. On aborde tout un tas de notions, mais cela ne représente que le socle de ce qui nous attend. Cependant, toutes les notions théoriques acquises durant mes 2 années de licence combinées aux notions plus pratiques de la licence professionnelle m’ont apportées un certain savoir-être qui est apprécié dans le milieu de l’entreprise : la rigueur, l’organisation, la gestion de projet, la communication au sein d’une équipe, entre autres.
Conseilleriez-vous ce secteur à des jeunes femmes ?
Je conseillerais totalement ce secteur à quiconque cherche sa voie. C’est un secteur qui regorge de défis, de nouvelles connaissances auxquelles accéder, et qui est sans cesse en évolution (et ce déjà au sein du domaine du Web, qui ne représente qu’une part du secteur informatique). Les ressources et outils pour s’initier au développement / à la programmation sont à la portée de tous.tes, Internet en regorge, alors je ne peux que conseiller d’y jeter un oeil curieux.
Claire - Master Informatique
Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel ?
Après mon bac S, je me suis dirigée vers des études de biologie. Je me suis vite rendue compte que ce n’était pas ma voie. Suite à cela je me suis réorientée une première fois en Sciences du Langage. C’est au cours de cette licence que j’ai eu un cours d’introduction à l’algorithmie qui m’a passionnée. C’est pourquoi j’ai fait un DUT informatique en année spéciale (DUT en 1an), puis prolongé avec la licence informatique et enfin le master informatique (diplômée 2022). À la fin de mon master j’ai été embauchée en CDI dans l’entreprise AKKI dans laquelle j’ai fait mon stage et où je travaille encore aujourd’hui.
Quel a été le déclic pour faire des études d’informatique ?
J’ai beaucoup cherché ma voie, et c’est en essayant l’informatique que j’ai senti que la logique informatique collait plus avec ma logique personnelle.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos études ?
J’aurais aimé aller en informatique plus tôt mais je ne regrette pas d’avoir fait ces choix qui m’ont permis de découvrir d’autres choses.
Conseilleriez-vous ce secteur à des jeunes femmes ?
Oui, je le recommande. Si on aime chercher, comprendre, triturer (et un peu râler quand ça marche pas comme on le veut). L’informatique permet aussi de continuer d’apprendre et de rester éveillé aux nouvelles choses, ce qui est très agréable. N’hésitez pas à essayer dans des ateliers découverte ou des cours sur internet et vous verrez si ça vous plaît.
La question à laquelle nous n’avons pas pensé ?
Est ce qu’il faut être bonne en math ?
Nous sommes beaucoup à avoir eu des difficultés en math au lycée. Effectivement l’informatique reprend certaines notions de mathématiques. On peut s’en sortir avec un petit bagage en math, si vous posez des questions et que ça vous plaît ça marchera :)
Fjolla - Master Informatique
Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel ?
À la suite de l’obtention de mon Master 2 en Ingénierie Informatique et du Diplôme Universitaire en Data Science, j’ai eu l’opportunité d’exercer en tant que Data Scientist. J’ai débuté au sein des équipes data du centre de recherche et développement d’EDF. Depuis près de trois ans et demi, je travaille au sein du centre de recherche et développement du groupe LVMH, plus précisément dans la branche Parfums & Cosmétiques.
Quel a été le déclic pour faire des études d’informatique ?
J’ai toujours été fascinée par le monde du digital, de la technologie et des robots. C’est pourquoi j’ai naturellement choisi de m’orienter vers des études d’informatique. De plus, ma passion pour l’apprentissage continu, le désir de travailler au sein d’équipes pluridisciplinaires, et de faire parler les données m’ont progressivement orientée vers le métier de Data Scientist.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos études ?
Avec le recul, je considère mes études en informatique comme une décision cruciale dans ma vie. Elles m’ont offert une solide base de connaissances techniques, m’ont permis de développer des compétences en résolution de problèmes et m’ont ouvert les portes d’un domaine en constante évolution. Les compétences et connaissances acquises pendant mes études continuent à être essentielles dans mon quotidien professionnel.
Conseilleriez-vous ce secteur à des jeunes femmes ?
Tout à fait, je conseillerais fortement ce secteur aux jeunes femmes, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord parce que le domaine de l’informatique et de la Data Science est en constante expansion, offrant un large éventail d’opportunités professionnelles. Les femmes sont sous-représentées dans ce domaine, et leur apport de diversité est essentiel pour stimuler l’innovation et la créativité. Pour terminer, le secteur de la technologie offre une grande flexibilité en termes de rôles et de spécialisations, les jeunes femmes ont donc la possibilité de devenir des leaders dans des domaines tels que l’IA, la cybersécurité, la programmation, la gestion de projet et bien d’autres.
La question à laquelle nous n’avons pas pensé ?
Puis-je relier mon travail avec mes passions ?!
Absolument ! Je suis extrêmement reconnaissante d’avoir réussi à le concrétiser. Travailler dans le domaine de l’IA liée à la mode et à la beauté m’enthousiasme énormément. Cela me permet de rester motivée et engagée au quotidien, car je peux constamment intégrer mes passions dans les projets sur lesquels je travaille.
Julie - Master Informatique
Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel ?
Suite à mon stage de master dans une ESN, j’ai travaillé 2 ans et demi en tant que consultante développeuse. J’ai pu découvrir différents secteurs via mes missions et faire beaucoup de rencontres. Cela m’a ensuite permis de rejoindre un groupe privé industriel en tant que chef de projet, où je suis actuellement.
Quel a été le déclic pour faire des études d’informatique ?
Lors de mon 1er semestre à la fac de science, où je me voyais faire des études de mathématiques, j’ai eu un cours d’initiation à l’algorithmique et aux bases de données. J’ai eu un coup de coeur pour ce domaine et j’ai donc réorienté mes études vers l’informatique.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos études ?
Aujourd’hui je n’en garde que des bons souvenirs. Ça m’a permis d’entrer dans le monde du travail avec un bagage suffisant pour m’épanouir dans différents domaines, et d’avoir le bon état d’esprit pour gagner en compétences rapidement et atteindre mes objectifs. Si c’était à refaire, je referais le même parcours.
Conseilleriez-vous ce secteur à des jeunes femmes ?
Oui, bien sûr. Les femmes ont beaucoup à apporter à l’informatique, notamment car nous nous raisonnons différemment, et les entreprises cherchent de plus en plus à avoir cette touche féminine dans leurs équipes informatiques. C’est un secteur passionnant où l’on découvre des nouvelles choses au quotidien, et où on ne s’ennuie jamais, grâce à la grande diversité des sujets et des technologies.
La question à laquelle nous n’avons pas pensé ?
J’invite toutes les personnes qui hésitent à se lancer dans un cursus informatique à dépasser les clichés liés à ce domaine, et à oser découvrir toutes les possibilités qu’offrent les métiers du numérique.
Margarita - Master MIAGE
Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel ?
Diplômée d’un Master MIAGE à l’Université d’Orléans en 2012, j’ai commencé ma carrière en tant que développeuse dans une ESN. 2 ans plus tard j’ai pris les responsabilités managériales d’une équipe de développeurs au sein de la Mutuelle Nationale des Hospitaliers sur le périmètre des sites web, API & solutions collaboratives. En 2019 j’ai intégré Generali, un groupe d’assurance international pour accompagner le scale-up de la direction Intelligence Artificielle et Innovation avant de rejoindre la direction Marketing & Digital pour un rôle dans le product management. Enfin, en 2022 j’ai eu la chance de rejoindre Tilak Healthcare, une startup MedTech qui crée les jeux mobiles ludiques pour les patients atteints des maladies chroniques. Directrice de production des dispositifs médicaux numériques, je dirige 3 équipes composées des product managers, UX game designers, développeurs, ingénieurs DevOps, chercheurs et data analystes.
Quel a été le déclic pour faire des études d’informatique ?
J’ai toujours été convaincue que le digital a le pouvoir de transformer notre quotidien. Cela va du simple fait de faciliter les démarches administratives avec son assureur jusqu’à repousser l’état de l’art de la médecine grâce aux applications mobiles ou objets connectés. Ayant des facilités en mathématiques et désirant un métier aux débouchés concrets, un cursus en informatique a été pour moi une évidence !
Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos études ?
C’était un très bon choix ! Le Master MIAGE est reconnu sur le marché, j’ai reçu plusieurs propositions de CDI dès la fin de mes études. A noter que depuis 2020, je reviens régulièrement à l’Université en tant qu’enseignante vacataire en M1 MIAGE. Lorsque j’échange avec mes étudiants, je constate que le contenu pédagogique s’adapte constamment à l’évolution de la Tech.
Conseilleriez-vous ce secteur à des jeunes femmes ?
Absolument ! Il y a un vrai enjeu d’égalité hommes / femmes dans le secteur de la Tech où les femmes sont encore malheureusement sous-représentées (seulement 22% selon l’étude McKinsey 2022). Pourtant, les études en informatique offrent de nombreux débouchés : développement, devOps, data, cybersécurité, mais aussi les métiers de la chefferie de projet, de la conduite de changement, du product management. J’encourage vivement les jeunes femmes à s’orienter vers le secteur du numérique et de saisir des belles opportunités de carrière !
Marine - Master MIAGE
Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel ?
J’ai validé mon Master en 2013. J’ai ensuite été embauchée en tant qu’ingénieure commercial au sein de l’entreprise Umanis. Après quelques mois, j’ai souhaité retourner dans le monde de l’informatique pure et sortir du monde du commerce. J’ai ensuite intégré la société Atos, pour faire une mission de tests chez Thélem assurances. La mission a vite évolué sur du pilotage de test sur un projet stratégique. Puis au bout d’un an j’ai eu l’opportunité d’être référente recette sur le domaine comptabilité. En 2016 je suis embauchée en tant qu’AMOE (assistance maitrise d’œuvre) comptabilité ce qui consistait à suivre les recettes, suivre les projets de maintenance et petits projets. En 2019 je suis passée cheffe de projet.
Quel a été le déclic pour faire des études d’informatique ?
Ce n’est pas facile de savoir ce qu’on veut faire au lycée. J’ai choisi l’informatique car je souhaitais un domaine qui n’était pas bouché et où il y avait du travail. Je passais aussi du temps sur l’ordinateur à jouer à des jeux. C’était un domaine qui ne me déplaisait pas.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos études ?
Je suis toujours en phase avec le choix que j’ai fait il y a maintenant quelques années. Mes débuts dans les études informatiques n’étaient pourtant pas faciles. J’ai voulu arrêter mais on m’a convaincu de persévérer, ce que j’ai fait. Avec le recul je n’ai aucun regret, aujourd’hui je m’épanouis dans mon travail. J’apprends et j’évolue tous les jours que ce soit dans le monde de l’informatique mais aussi tout ce qui gravite autour (communication, échanges humains, la partie métier).
Conseilleriez-vous ce secteur à des jeunes femmes ?
Oui sans hésiter ! Certes ça ne sera pas tous les jours facile je ne peux pas le nier mais comme dans beaucoup de domaine, c’est un milieu intéressant où l’on peut évoluer si on le souhaite. Je trouve que c’est toujours un domaine qui a une mauvaise image et c’est à tort. Il faut énormément communiquer, échanger et comprendre le métier des différentes personnes avec qui nous travaillons pour comprendre leur besoin. C’est aussi une branche en perpétuelle évolution donc de nouvelles opportunités, et possibilités d’évolutions.
Comment décririez-vous votre métier aujourd’hui ?
Être cheffe de projet peut s’apparenter à un chef d’orchestre, je dois cadencer le projet afin que tout s’imbrique bien en respectant les coûts, le planning et la demande au plus proche de la réalité.
Valitinah - Master MIAGE
Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel ?
Après mon stage en L3 MIAGE, j’ai décidé de poursuivre mon master en alternance dans la même entreprise. J’ai été analyste-développeur pendant 2 ans puis j’ai déménagé à Paris à la fin de mes études pour saisir une opportunité professionnelle. Depuis, je suis ingénieure logiciel chez Capgemini.
Quel a été le déclic pour faire des études d’informatique ?
Je n’ai pas vraiment eu de déclic. Mais j’ai toujours su que je voulais suivre une formation dans les matières scientifiques. Après avoir effectué des recherches approfondies sur « les métiers qui embauchent » et sachant que ma mère travaille dans le secteur, j’ai pu avoir un avant-goût du métier. Et c’est ainsi que j’ai envisagé de m’orienter vers l’informatique.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos études ?
La formation MIAGE prépare vraiment à l’arrivée sur le terrain. Ce n’est pas seulement du théorique. On acquiert des compétences opérationnelles en alternance, ce qui renforce notre employabilité. Je ne regrette pas d’avoir choisi cette formation.
Conseilleriez-vous ce secteur à des jeunes femmes ?
Oui, je conseillerais ce secteur à des jeunes femmes. Bien que l’univers de l’IT connaisse encore un manque de mixité, les femmes ne doivent pas se mettre des freins et barrières psychologiques vis-à-vis de la Tech. C’est un secteur avec beaucoup d’opportunités et accessible à tous. Aujourd’hui, en tant que femme, je m’épanouis dans mon travail.
La question à laquelle nous n’avons pas pensé ?
Le numérique me passionne par son dynamisme et sa constante évolution. De plus, coder est un apprentissage constant. Peu importe ce que tu dois faire - réparer un bug, mettre en place de nouvelles fonctionnalités, apprendre un nouveau langage de programmation - tu es tout le temps en train d’apprendre.