Soutenance de thèse de Zahra KHALILZADEH SILABI

Cette thèse traite le risque sanitaire comme une variable économique et pose une série de questions simples : comment le risque sanitaire se transforme-t-il en perte économique, d'où la résilience vient-elle, et quels facteurs en amortissent les effets ? Pour y répondre, j’utilise une grille unifiée de vulnérabilité, d’exposition, de sensibilité et de capacité d’amortissement, appliquée à deux marges où les comportements s’ajustent en temps réel : les flux privés transfrontaliers et la vie au travail. Empiriquement, le travail combine (i) des éléments macroéconomique sur le comportement de l’investissement direct étranger (IDE) et des envois de fonds autour des épidémies, lus dans une perspective régionale (transfrontalière, pays voisins) ; (ii) une analyse multi épidémies et multi-régions qui dissocie l’impact des chocs du profil de reprise de l’IDE et teste si la capacité sanitaire de première ligne amortit le choc initial ; et (iii) des éléments micro sur les risques psychosociaux, les ressources et la santé mentale à partir de données représentatives pour la France . Trois résultats centraux émergent. Premièrement, les chocs sanitaires déstabilisent les flux privés, mais les marges diffèrent : l’IDE marque une pause, baisse marquée dans les pays directement touchés et, plus modestement, chez leurs voisins, tandis que les envois de fonds dans les pays affectés se stabilisent ou augmentent souvent, conformément au partage de risque intrafamilial. La lecture conjointe des deux flux révèle de la résilience sur une marge et un retrait sur l’autre. Deuxièmement, sur 20 grandes épidémies dans 98 pays (2000–2022), l’IDE recule à l’impact mais les profils de reprise sont hétérogènes et varient selon le mode de transmission, d’une manière cohérente avec les canaux touchant les entreprises et l’administration (disponibilité de la main-d’œuvre, fiabilité logistique, continuité administrative). Fait crucial, les pays à plus forte densité d’infirmières et de sage-femmes subissent des contractions initiales plus faibles de l’IDE, étayant l’idée qu’une capacité visible de première ligne joue un rôle d’infrastructure de continuité économique en réduisant la valeur optionnelle de l’attente. Troisièmement, la vulnérabilité se vit dans les lieux de travail : des combinaisons de fortes exigences avec une faible autonomie et un soutien insuffisant sont systématiquement associées à de moins bons résultats de santé mentale (symptômes dépressifs, fatigue, désengagement), tandis que les ressources, un encadrement de soutien et le soutien des collègues jouent un rôle d’amortisseur.