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Heure | 10h30 - 13h00 |
Adresse | Salle des thèses - UFR Droit, Economie et Gestion |
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Lien | https://www.univ-orleans.fr/fr/univ/recherche/agenda-actualites |
Le financement du développement durable demeure un enjeu crucial pour les pays en développement, confrontés à une insuffisance chronique de ressources budgétaires face aux besoins croissants liés à la lutte contre la pauvreté, les inégalités, les changements climatiques et la perte de biodiversité. Cette thèse s’intéresse à deux instruments de financement innovants : les prêts garantis par les ressources naturelles et les échanges dette- nature (debt-for-nature swaps), en évaluant leur capacité à favoriser un développement durable dans une perspective de soutenabilité faible et forte. La première partie est consacrée à l’analyse des prêts adossés aux ressources naturelles. Le premier chapitre examine leur effet sur l’efficience écologique du développement humain dans 45 pays africains entre 1990 et 2019. En mobilisant la méthode d’entropy balancing, il est démontré que ces prêts peuvent améliorer cette efficience via des canaux tels que le PIB par tête, le niveau d’éducation et les années de scolarisation prévues. Toutefois, l’impact varie selon les ressources (positif pour le pétrole et les minéraux, négatif pour le cacao et le tabac) et devient non significatif en cas de dette publique élevée. Un paradoxe est mis en évidence : ces prêts contribuent à l’amélioration sociale tout en exacerbant les émissions de gaz à effet de serre. Le deuxième chapitre explore leur relation avec la déforestation dans 64 pays en développement (2004–2018). À travers une approche par appariement de score de propension, les résultats montrent que ces prêts accentuent significativement la déforestation, notamment lorsqu’ils sont adossés à des ressources comme les minéraux, le cacao ou le tabac. L’effet est conditionné par la structure forestière, les institutions et la pression sur le remboursement de la dette. Le troisième chapitre analyse l’impact de ces prêts sur la cyclicité des politiques budgétaires dans 127 pays sur la période 1990–2020. À l’aide de la méthode LGWOLS et d'entropy balancing, il est établi que ces prêts favorisent une politique budgétaire procyclique, mais cet effet devient contracyclique lorsque les investissements publics se situent entre 15 % et 35 % du PIB. La seconde partie de la thèse porte sur les échanges dette-nature, un mécanisme d’allègement de la dette conditionné à des engagements environnementaux. Le quatrième chapitre évalue leur effet sur la volatilité budgétaire dans 134 pays en développement (1990–2020). Les résultats confirment leur capacité à stabiliser les finances publiques, surtout lorsqu’ils sont bilatéraux. L’instauration de règles budgétaires apparaît comme un levier pour renforcer cet effet. Le cinquième chapitre s’attache à mesurer l’impact de ces échanges sur l’efficience écologique du développement humain, en mobilisant une approche contrefactuelle. Il est démontré que ces swaps contribuent à l’amélioration conjointe de la performance sociale et environnementale, via des canaux tels que la réduction de l’épuisement des ressources, la baisse des émissions de CO2, l’accroissement des investissements et la progression du bien-être. En conclusion, cette thèse montre que les prêts garantis par les ressources naturelles peuvent, sous certaines conditions, favoriser le développement durable mais comportent des risques environnementaux significatifs. À l’inverse, les debt-for-nature swaps, bien que modestes en volume, offrent un potentiel prometteur pour articuler allègement de la dette et durabilité environnementale. Une généralisation de ces mécanismes, accompagnée de critères d’éligibilité assouplis et d’une gouvernance renforcée, est préconisée pour soutenir les trajectoires de développement soutenable.