Soutenance de thèse avec Cotutelle Internationale de Mehdi MAHMOUDI

La microfinance est largement reconnue comme un levier crucial du développement, permettant à une partie de la population exclue des systèmes financiers traditionnels d'accéder à des financements alternatifs. Ce secteur joue un rôle essentiel dans l'amélioration des conditions de vie des populations pauvres et favorise leur intégration dans le système économique, en soutenant particulièrement l'autonomisation des femmes entrepreneures. Cette thèse s'inscrit dans ce corpus et se compose de trois chapitres qui apportent une contribution à la littérature théorique et empirique concernant la relation entre la microfinance et le développement durable. Le premier chapitre est consacré à l’étude de la relation entre la microfinance et le développement économique. Les résultats confirment l’existence d’une relation de causalité unidirectionnelle au sens de Granger allant de la microfinance au développement économique et une causalité bidirectionnelle entre l’indice de développement Humain avec le nombre de clients d’une part, et avec le pourcentage de femmes entrepreneuses d’autre part. Des causalités unidirectionnelles de Granger sont également présentes allant de l’indice de développement humain au portefeuille à risque, ainsi que de l’indice de développement humain à l’autosuffisance opérationnelle. De plus, nous identifions une relation unidirectionnelle allant des charges d’exploitation à l’indice de développement humain. Le deuxième chapitre propose une approche pour construire un indice multidimensionnel de microfinance avec des poids endogènes estimés par une Analyse en Composantes Principales (ACP). Nos résultats révèlent que les trois dimensions de la microfinance considérées (la pénétration, la disponibilité et l’utilisation) sont importantes pour expliquer le niveau de développement de celle-ci. En classant les pays d'abord selon leurs sousindices puis selon l'indice global de développement de la microfinance, nous avons identifié les économies les plus avancées en développement de microfinance, telles que l'Afghanistan, le Burkina Faso et la République démocratique du Congo, ainsi que celles présentant les niveaux les plus bas de développement en microfinance, telles que l'Angola et la Côte d’Ivoire. Le troisième chapitre examine le rôle modérateur du développement de la microfinance dans la courbe environnementale de Kuznets. L’analyse repose sur deux modèles distincts : le modèle des effets principaux et celui des effets d’interaction. À court terme, les résultats montrent que l’indice de développement de la microfinance n’a pas d’effet significatif sur les émissions de CO₂ selon l’estimation des effets principaux. Cependant, à long terme, une relation positive significative émerge entre ces deux variables. Bien que la microfinance n’ait pas d’impact notable à court terme, elle exerce un effet significatif et négatif à long terme, suggérant un rôle potentiel dans la réduction des émissions de CO₂ à long terme. En ce qui concerne les effets d’interaction, les résultats révèlent qu’à long terme, la croissance économique (lnPIB) augmente les émissions de CO₂, bien que cet effet diminue à mesure que le PIB augmente. La consommation énergétique (lnE) contribue également à l'augmentation des émissions de CO₂. L’indice de développement de la microfinance (MFDI) augmente les émissions de CO₂, mais les interactions entre lnPIB_MFDI et lnE_MFDI sont significatives. Ces interactions indiquent que le développement de la microfinance modère l’effet du PIB et de la consommation énergétique sur les émissions de CO₂. Plus précisément, la microfinance atténue l’impact du PIB sur les émissions, mais amplifie celui de la consommation énergétique