Soutenance de thèse de Gaëtan AUGUSTINE

Preuve de son succès, Renaut de Montauban, qui raconte la lutte des quatre fils Aymon contre l’empereur Charlemagne, est devenu le noyau d’un cycle qui s’est constitué au plus tard dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Cependant les chansons qui se sont agrégées à la chanson première du cycle se sont singulièrement éloignées de la thématique que cette dernière exploitait – la révolte, comme d’autres chansons contemporaines– et ne se sont guère intéressées non plus aux membres de la lignée directe du plus célèbre des fils Aymon.  Ce phénomène conduit à s’interroger sur la cohérence narrative d’un cycle constitué d’œuvres vraisemblablement composées par des trouvères différents sur une période relativement large? La chanson de Maugis d’Aigremont utilise les données de Renaut de Montauban pour constituer la biographie de l’enchanteur Maugis, personnage important du texte noyau certes, mais qui reste simplement un allié du héros et de ses frères. L’auteur de Vivien de Monbranc fait une soudure entre les deux premières chansons alors que La Mort de Maugis revient sur l’antagonisme entre Maugis et Charlemagne dans la chanson première. D’autres textes plus tardifs, comme le remaniement de Renaut de Montauban conservé dans le ms. de Paris, B.N., f.r 764 (R), semblent prendre en considération les incohérences et les angles morts que suppose le regroupement de ces chansons de geste qui se sont influencées entre elles tout en faisant apparaître des modèles extérieurs. Le romande Mabrien se présente ainsi comme la clôture du cycle en recentrant le récit sur la descendance de Renaut de Montauban. Ces chansons et ces remaniements permettent donc d’analyser les mécanismes de l’écriture cyclique au Moyen Âge, ce qu’elle fait apparaître comme enjeux littéraires à une époque où les modes d’activité et les influences littéraires sont multiples et le contexte historique et sociologique en pleine mutation.