| Date | - |
| Heure | 14h00 - 17h00 |
| Adresse | Salle des Tilleuls - INRAE - |
| Contact | |
| Lien | https://www.univ-orleans.fr/fr/univ/recherche/agenda-actualites |
La grande faune est reconnue pour son impact dans les écosystèmes par le biais de leurs interactions trophiques ou non trophiques. Un contexte dans lequel les omnivores sont encore mal connus. Cependant, en consommant un peu de tout, les omnivores peuvent interagir avec divers compartiments de l'écosystème. L'un des omnivores les plus connus et les plus répandus dans le monde est l'ours brun (Ursus arctos). C’est un animal étudié historiquement dont l’examen de la littérature met en lumière son rôle dans la régulation de ses proies (invertébrés, vertébrés), l’altération du comportement des co-prédateurs ou en tant qu’ingénieur de l’écosystème. Cette ingénierie se caractérise par une perturbation du sol, la formation de bois morts ou le transport de matériel biologique tel que des diaspores (spores ou graines), des processus clés dans le fonctionnement de l’écosystème. Dans ce doctorat, on s’est intéressé au dernier processus à savoir la dispersion de diaspores par ingestion (i.e. endozoochorie) par l’ours brun à partir de l’étude de la population des Pyrénées (sud-ouest de l'Europe). Dans un premier temps, on a étudié son régime alimentaire selon le sexe, l’âge et les besoins biologiques de l’ours. Son régime étant inconnu depuis la fin des années 90, cela permet une mise à jour des connaissances cruciale pour cette population en danger critique d’extinction. Dans un second temps, on s’est intéressé à son rôle dans la dispersion des plantes à partir de plusieurs méthodes. Une fois dispersées, on a voulu examiner l’importance des visiteurs de fèces d’ours dans le destin des diaspores. On s’est aussi intéressé à la dispersion de champignons symbiotiques aux plantes (occasionnellement ou accidentellement consommés). Mes recherches ont permis de caractériser un régime de l’ours constitué principalement de plantes (herbes, fruits secs ou charnus) et complété par des arthropodes (fourmis, guêpes), des vertébrés (surtout des ongulés sauvages) et des champignons (truffe notamment). On a décrit ici la plus grande diversité de champignons consommés par un ursidé. Également mes résultats montrent que les femelles sont plus herbivores que les mâles et que le régime évolue selon les besoins biologiques et physiologiques de l'ours. Ici, on à décrit la dispersion de plantes à fruits secs ou charnus et aussi de fougères et de mousses. On souligne aussi l’importance de considérer le processus endozoochore jusqu’à la matricé fécale, pouvant limiter la germination. Dans ce contexte, on à pu démontrer que les bousiers jouent un rôle unique dans la désagrégation des fèces et la dispersion secondaire des diaspores. Concernant la dispersion des champignons symbiotiques aux plantes, on a pu inférer la dispersion potentielle de mycorhizes, d’endophytes et de pathogènes de plantes, contribuant à un domaine très peu étudié. Dans l'ensemble, ma thèse de doctorat a permis d'identifier un régime alimentaire diversifié comme jamais décrit auparavant grâce à l'utilisation du métabarcoding et à l'utilisation de fèces de différents sexes et âges. Elle révèle la dispersion d'une gamme de plantes plus large par les Ursidés qu'on ne le pensait auparavant, et potentiellement un cortège pertinent de champignons symbiotiques, tous pouvant influer la structure et la dynamique des communautés végétales et par suite le fonctionnement et la résilience des écosystèmes pyrénéens face aux changements globaux. Plus largement, les résultats invitent à mener des recherches futures pour étudier cette dispersion chez d'autres animaux, mais aussi pour prendre en compte le mécanisme d’endozoochorie jusqu’à la matrice fécale. Il reste encore beaucoup à faire, notamment sur la dispersion effective des champignons ou le devenir concret des graines après le passage des bousiers, mais cette thèse de doctorat apporte de nouvelles preuves précieuses pour la recherche historique sur l'écologie de l'ours brun et construit les bases de recherches futures.